Ainsi lorsque Lisette Oropesa endosse l’habit de la reine d’Écosse, l’on subodore qu’elle n’en a pas complètement les moyens… ce qui va se confirmer. Elle possède, en revanche, un tempérament d’artiste qui lui permet d’oser et d’aller au bout de ses engagements. Un élément montre bien à quel point Donizetti entendait ménager ces deux sopranos, c’est que la reine d’Écosse apparait au deuxième acte après près de 40 minutes de musique. Oropesa démontre d’emblée les qualités belcantistes qu’on lui connait : la voix est très belle et souple, le legato irréprochable ; le médium et les graves élégants, ainsi que les aigus aériens constituent une indéniable assise pour le rôle. La cavatine d’entrée (« O nube che lieve per l’aria ti aggiri ») est exemplaire, mais la cabalette (« Nella pace del mestro riposo »), si elle est enlevée et si la chanteuse n’hésite pas à tendre son chant à l’extrême, laisse transparaître qu’elle va peiner à vaincre toutes les difficultés du rôle. Le duo qui suit avec Leicester est un très beau moment de belcanto. Mais le moment de vérité arrive inévitablement avec la confrontation avec Akhmetshina et la scène des injures. Elle tient d’abord dignement tête à la reine et son chant est, en tous points, distingué. Mais le « Figlia impura di Bolena, parli tu di disonore? / Meretrice indegna e oscena, in te cada il mio rossore. /Profanato è il soglio inglese, vil bastarda, dal tuo piè! » (« Fille impure d’Anne Boleyn, tu oses parler de déshonneur ? / Femme indigne et lascive, que ma honte retombe sur toi. / Le trône anglais est profané, vile bâtarde, par ta présence ! ») pourtant émis dans un registre grave parfait, atteint les limites des moyens de la soprano. Elle fait preuve ensuite d’une grande sensibilité dans les scènes de la seconde partie de l’acte deux avec Talbot et elle livre un « Quando di luce rosea » exemplaire, car elle peut là évoluer dans des demi-teintes où elle fait merveille. La scène de la prière, encore fort bien chantée, se heurte, cependant, à une longueur de souffle insuffisante pour assurer la fameuse note à émettre en mode piano sur de nombreuses mesures. Au-delà des limites de la voix de la soprano, la scène finale montre le total engagement d’une artiste qui, une fois de plus, a joué de son intelligence pour surmonter les écueils.
Thus, when Lisette Oropesa takes on the role of the Scottish queen, one suspects she might not fully possess the means... which will be confirmed. However, she possesses an artist's temperament that allows her to dare and to fully commit to her engagements. One element clearly demonstrates how Donizetti intended to accommodate these two sopranos: the queen of Scotland appears in the second act after nearly 40 minutes of music. Oropesa immediately demonstrates the bel canto qualities she is known for: a very beautiful and flexible voice, flawless legato; elegant medium and low notes, and airy high notes provide an undeniable foundation for the role. The entrance cavatina ("O nube che lieve per l'aria ti aggiri") is exemplary, but the cabaletta ("Nella pace del mesto riposo"), while spirited and the singer does not hesitate to stretch her singing to the extreme, reveals that she might struggle to overcome all the role’s difficulties. The subsequent duo with Leicester is a very beautiful moment of bel canto. But the moment of truth inevitably arrives with the confrontation with Akhmetshina and the insult scene. She initially stands up to the queen with dignity and her singing is distinguished in every way. But the "Figlia impura di Bolena, parli tu di disonore? / Meretrice indegna e oscena, in te cada il mio rossore. /Profanato è il soglio inglese, vil bastarda, dal tuo piè!" ("Impure daughter of Anne Boleyn, you dare speak of dishonor? / Woman unworthy and lewd, upon you falls my shame. / The English throne is profaned, vile bastard, by your presence!") although delivered in a perfect low register, reaches the soprano's limits. She then shows great sensitivity in the scenes of the second part of act two with Talbot and delivers an exemplary "Quando di luce rosea", because there she can evolve in half shades where she is wonderful. The prayer scene, still very well sung, however, encounters a lack of breath support insufficient to sustain the famous note in piano mode for many measures. Beyond the soprano's vocal limits, the final scene shows the total engagement of an artist who, once again, has used her intelligence to overcome the difficulties.
— Paul Fourier • Cult.news